Depuis longtemps, la stomatophobie a conduit de nombreux patients à reporter voire à renoncer à des soins. Cette « peur du dentiste » apparaît être un phénomène encore répandu, même si des solutions existent désormais pour apaiser l’anxiété et la phobie des patients, qu’ils soient majeurs ou mineurs. C’est notamment le cas de l’utilisation du MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote).
Déjà utilisé, depuis longtemps, en milieu hospitalier, ce gaz a été autorisé pour les soins bucco-dentaires depuis le début des années 2010. Chloé DEORA, chirurgienne-dentiste au centre dentaire de Davout, a bien voulu répondre à quelques questions pour tout comprendre sur l’utilisation du MEOPA en centre dentaire.
Garantir l’accès des soins à tous les enfants et plus généralement à tous les patients
Autrefois désigné sous l’appellation de « gaz hilarant », le MEOPA est un gaz
inodore et incolore. Bien que son utilisation n’implique aucune forme de dépendance
et ne soit cause que de très rarissimes effets indésirables (maux de tête et nausées
principalement), les chirurgiens-dentistes ambitionnant de l’utiliser doivent cependant
suivre une formation. Il est donc conseillé pour les patients anxieux mais aussi pour
les enfants, comme nous le confirme Chloé DERA :
« J’exerce en tant que pédodontiste exclusive, et je suis formée à l’utilisation du MEOPA depuis un an et demi environ. »
Agissant par inhalation, le MEOPA constitue une « sédation consciente » du patient, en l’occurrence l’enfant. Il permet donc aux enfants de se détendre et de se « laisser soigner ».
« L’utilisation du MEOPA représente un double avantage. Tout d’abord, c’est un véritable confort garanti pour les enfants, qui, tout en étant conscients, sont plus calmes et détendus. D’un autre côté, ce recours au MEOPA nous assure de pouvoir travailler en toute sérénité et en toute sécurité. »
On pourrait, à priori, croire que le MEOPA serait LA solution miracle pour pouvoir soigner tous les enfants. La docteur DEORA relativise cependant :
« Mon expérience personnelle conforte les données issues des études scientifiques. Le MEOPA n’est pas efficace chez tous les enfants. Dans certains cas, environ un enfant sur 5, les effets peuvent même être inverses à savoir accentuer la phobie ou les craintes du jeune patient. »
La connaissance du patient par son chirurgien-dentiste ne suffit pas toujours pour s’assurer de cette efficacité. Cependant, Chloé DEORA nous explique,
« En général, un enfant ayant peur mais motivé pour se faire soigner, sera réceptif.A l’inverse, un enfant stressé et refusant le soin, a une forte probabilité de nepas être réceptif. »
De toute façon, la chirurgienne-dentiste nous explique :
« J’essaie toujours de soigner sans recourir au MEOPA, et donc à l’utiliser le moins possible. En revanche, lorsque je l’utilise, les résultats sont plus que satisfaisants, puisque je m’appuie sur la connaissance du patient. »
Certains parents contactent Chloé DEORA, parce qu’elle utilise le MEOPA. Pour les
autres, la professionnelle de santé explique en détail les protocoles et les avantages
de ce gaz, une explication qui entraîne, dans la majorité des cas, l’adhésion des
parents.
« En général, les parents sont réceptifs et même demandeurs de cette utilisation du MEOPA. Il faut toutefois souligner, que certains écartent cette possibilité pour des raisons financières exclusivement. En effet, cette option n’est pas prise en charge ni par l’Assurance Maladie ni par les complémentaires santé. Cela constitue un obstacle pour certaines familles. »
Enfin, si le MEOPA a fait ses preuves pour faciliter la prise en charge des
enfants mais aussi des enfants autistes, insiste Chloé DEORA, il est également
prouvé qu’il n’implique aucune conséquence à plus long terme. A l’issue des
soins, l’enfant reste assis deux ou trois minutes le temps que le gaz soit
totalement expulsé.
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